Etat du logement en Wallonie: pourquoi est-ce important de se mobliser dans le cadre du Housing Action Day? ?

En Wallonie, la crise du logement est aussi bel et bien présente. Comme à Bruxelles, elle s’explique par l’appauvrissement croissant la population. Aujourd’hui, en Wallonie, entre 15 et 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté. (Le taux de risque de pauvreté en Wallonie est inférieur au taux observé à Bruxelles (autour de 30 %), mais supérieur au taux estimé en Flandre (autour de 10 %).) Cette crise s’explique également par l’augmentation du coût du logement. En effet, le cout des loyers augmente plus vite que les revenus.

En Wallonie, les constats sont les suivants :

  • L’offre de logement public est insuffisante : les logements sociaux ne représentent que 7% du parc locatif wallon. Plus de 40.000 ménages sont candidats au logement social pour 102.543 logements.
  • 18 % des ménages wallons ont des revenus nets inférieurs au seuil de pauvreté (2018). C’est moins qu’à Bruxelles (plus de 30%) mais moins qu’en Flandre (10%).
  • Les bénéficiaires de l’aide sociale (RIS, ERIS et GRAPA) sont de plus en plus nombreux. Les 18-24 ans et les 65 ans et plus sont surreprésentés. L’augmentation importante du nombre de bénéficiaires depuis 2015, découlant de la limitation dans le temps des allocations d’insertion, touche davantage les plus jeunes (18-24 ans, surtout, et 25-44 ans).
  • Les femmes, quel que soit leur âge, sont surreprésentées parmi les bénéficiaires de l’aide sociale, surtout chez les plus âgés. L’accès à notre système de sécurité sociale étant fondé sur l’emploi, un plus faible accès des femmes à celui-ci entrave leur accès aux diverses prestations sociales, ce qui in fine les oblige à recourir à l’aide sociale.
  •  Les loyers augmentent plus vite que les revenus, avec un loyer moyen en Wallonie de 513€ en 2019.
  • La part du loyer dans le revenu des ménages locataires privés wallons grimpe à 30,2%. Les locataires les plus pauvres consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger (54%). Ce public est particulièrement à risque de situation de mal-logement.
  • Le loyer des petits logements augmente plus fortement que celui des grands logements. Ainsi, le montant des loyers des biens accessibles aux ménages les plus précaires augmentent.
  • La qualité énergétique du logement est médiocre : on observe les PEB F et G pour 33,5% des logements et des situations d’insalubrité qui touchent singulièrement les logements à loyer les plus bas. L’offre de logements loués reste encore dominée par 73,5% de logements ayant un label compris entre « D » et « G ».
  • 27,6% des ménages wallons vivaient en situation de précarité énergétique en 2018 (25,6% à Bruxelles et 15% en Flandre). Les personnes qui disposent de moyens financiers limités risquent davantage de consacrer une part proportionnellement trop élevée de leur budget à l’énergie, de devoir fortement restreindre leur consommation ou de ne pas oser chauffer leur habitation. Cette situation touche davantage les femmes au sein des familles monoparentales et les femmes isolées de plus de 65 ans.
  • Un peu moins de la moitié des ménages locataires wallons vivent en appartements, contrairement aux propriétaires occupants qui privilégient la maison.
  • La discrimination au logement persiste, y compris pour l’accès à la garantie locative des plus précaires.
  •  Le nombre de personnes sans-abris et en mal logement est en augmentation d’année en année, et ce, malgré le manque de données en la matière. Voici un indicateur : entre 2010 et 2020, le nombre de bénéficiaires du Revenu d’Intégration Sociale « sans-abri » n’a cessé d’augmenter en Belgique. Il est passé de 6076 bénéficiaires en 2010 à 8271 bénéficiaires en 2020, ce qui représente une augmentation de 2195 en 10 ans.

La politique du logement en Wallonie

Le gouvernement wallon n’intervient que partiellement pour mettre fin à la crise du logement. Certes, dans sa déclaration de politique régionale (DPR), le gouvernement déclare faire de l’éradication du sans-abrisme et de l’insertion par le logement une priorité absolue dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités. A cette fin, pour soutenir l’accès au logement, il cite son intention d'une allocation loyer pour les ménages à revenus précaires et qui devraient avoir accès au logement social. Une urgence face au manque de logement public. Soulignons l’ambitieux Plan de rénovation auprès des sociétés de logements publics (SLSP) lancé par le Gouvernement wallon. La DPR reprend aussi dans sa politique d’éradication du sans -abrisme le renforcement des mécanismes Housing First et Capteurs logement.
Ces solutions ne visent qu’une petite partie du public touché par la crise. Dans sa proposition, le gouvernement ne tient pas compte de la multiplicité et de la diversité des acteurs qui luttent actuellement contre la pauvreté et le sans-abrisme. De plus, la crise sanitaire n’a fait que renforcer les inégalités préexistantes. Bien que le gouvernement ait mis en place un certains nombres de mesures pour les réduire, ces dernières se sont avérées insuffisantes pour faire face à l’accroissement des difficultés des ménages et prétendre à l’éradication du sans-abrisme tel qu’annoncé dans la DPR.
Le moratoire sur les expulsions a déjà été arrêté le 8 janvier 2021. Depuis, les expulsions dans les circonstances qu'on connait ont repris. La concertation des acteurs de terrain et l’intersectorialité apparaissent comme les ingrédients incontournables pour mettre un terme à cette crise du logement. De fait, les actions ancrées localement pourront répondre plus précisément aux besoins réels des ménages en difficulté de logement.

Nos recommandations

Nous appuyons les 6 revendications de l’appel du Housing Action Day, nous voulons :
1.    Une baisse immédiate et un encadrement des loyers.
2.    La fin des expulsions et un logement pour toutes les personnes sans-abri. Des logements dignes, salubres abordables et adaptés aux besoins des familles et des individus.
3.    La fin des logements vides et la fin de la criminalisation des occupations et du squat.
4.    Une véritable gestion collective de nos logements et de nos lieux de vie, la reconnaissance de droits collectifs pour les locataires.
5.    La construction massive de logements sociaux et la rénovation du parc social vétuste.
6.    Un développement urbain et rural solidaire et écologique. Un environnement de qualité, une isolation des bâtiments, une garantie d’accès à l’eau et à l’énergie pour toutes et tous.
Le RWDH a développé des propositions pour la Wallonie, pour en savoir plus voir : https://rwdh.be/plan-logement/
Bibliographie utile :