Le site d’Amercoeur est composé d’un immeuble de 32 logements et d’un arrière jardin avec une trentaine de petits logements de 30 à 45 m² dans la cour des Prébendiers. Tous ces logements sont vides depuis plus de 5 ans et appartiennent à la société " La Maison Liégoise"(société de logement social) et au CPAS de Liège. 64 logements publics vides, qui pourrait accueillir autant de ménages en attente d’un logement social ! Pour rappel, à Liège, 2818 ménages, ce qui représente plus de 6.000 personnes, attendent un logement social au premier janvier 2024.
Appel à se mobiliser contre la procédure de vente
Récemment, la Maison Liégeoise a lancé une procédure pour vendre ces logements au plus offrant... Or, dans le logement social, les logements sont attribués en fonction des besoins les plus urgents et le loyer est fixé en fonction des revenus. Si c'est un investisseur privé qui achète, il vendra ou louera le plus cher possible, ce qui exclut une bonne partie des habitants potentiels…
Nous appelons à une mobilisation pour garder ces logements publics et garantir un logement abordable !
Il existe d’autres alternatives que la vente
Fin 2024, plusieurs associations (RWDH, CIEP Liège, DAL Liège, ASBL Barricade, Benoit et Michel ASBL…) et des Associations de Promotion du Logement liégeoises se sont mises en contact pour envisager ensemble la rénovation du site, en collaboration avec le Fond du Logement Wallon (FLW). La rénovation de l’ensemble du site d’Amercoeur est un gros projet, mais c’est un projet innovant et pilote qui pourrait être porteur de solutions très concrètes à long terme pour créer du logement abordable. Un projet qui pourrait s’imaginer via plusieurs pistes en associant par exemple des Coopératives immobilières, une prise en gestion par des APL, par la Maison Liégeoise, un espace avec une activité sociale et/ou culturelle, un Community Land Trust ou un bail à emphytéotique.
Que se passe-t-il actuellement ?
Nous avons plusieurs fois contacté la Maison Liégeoise pour qu’elle se positionne sur la possibilité d’une rénovation en collaboration avec ces associations afin que ces logements restent dans le giron public. Nous n’avons jamais vraiment eu de réponse... Fin février 2025, suite à une interpellation de Maggy Yerna au Conseil Communal, nous apprenons que le Conseil d’Administration de la Maison Liégeoise avait décidé la mise en vente du site par "un appel à manifestation d’intérêt concernant les conditions de la vente publique du site d’Amercoeur"
Des intérêts pour qui ?
Il semblerait que la volonté de la majorité communale est d’attirer les investisseurs en leur laissant la possibilité de démolir l’ensemble du site d’Amercoeur, de construire du neuf, de dynamiser et de booster le quartier… Nous sommes bien sûr pour des quartiers vivants et pour que chacun·e se sentent en sécurité mais nous nous inquiétons fortement de l’arrivée des investisseurs privés. Nous voyons trop de quartiers historiques comme Outremeuse, Saint-Léonard ou le Longdoz perdre peu à peu leur âme et leur diversité sociale.
L'arrivée du tram en octobre 2024 a déjà trop exacerbé la tendance à la gentrification[1] avec une hausse vertigineuse de 40% des prix immobiliers en seulement 5 ans le long de son tracé (source RTBF). Cette augmentation spectaculaire profite aux propriétaires et investisseurs, mais exclut de fait les habitants de longue date et les personnes à revenus modestes.
Des logements abordables pour tous et pour toutes !
Nous sommes d’autant plus amers que les solutions contre la gentrification résident justement là où la majorité communale ambitionne de les détruire. En effet :
- Le logement social empêche la gentrification. Les améliorations de l’environnement urbain (parc, ligne de tram, piste cyclable…) entraînent souvent une hausse des prix de l’immobilier. L’augmentation des loyers et le départ des commerces de proximité obligent les habitant.es à partir loin de leur quartier. Investir dans les logements sociaux permet de maintenir les habitant.es et leur faire bénéficier des améliorations du « cadre de vie ».
- Le logement social est un outil de lutte contre les inégalités. De manière générale, sur le marché du logement, les plus pauvres qui ne peuvent pas acheter de logement transfert une partie de leur revenu vers des propriétaires qui appartiennent déjà à une classe plus riche[2]. Les bailleurs qui louent ne sont pas obligés d’investir cet argent dans le logement. Chaque année en Wallonie, ce sont près de 4 milliards d’euros qui sont payés par des locataires à des propriétaires privés[3]. Si le loyer augmente, le montant de ces transferts de richesse augmente et les inégalités aussi. Tandis que les loyers perçus dans le système du logement social servent a priori à l’amélioration des conditions de logements des occupants.
- Le Logement social répond à des besoins sociaux et place l’offre de logement au niveau de la demande. Sur le marché du logement, les locataires sont en concurrence les un·es avec les autres. Cette concurrence alimente la hausse des prix quand la demande se fait plus forte.
- L’objectif du logement social est bien de faire du logement pour répondre à un besoin fondamental et non à du profit !
Liège n’est pas à vendre !
Les représentants de la Maison Liégeoise, l’échevin de l’urbanisme et du territoire, la direction du département de l’urbanisme, le fonctionnaire délégué et le président du CPAS vont décider des suites de cette vente...
- Nous appelons à une large mobilisation afin de garder ces logements dans le giron public et/ou associatif en garantissant leur affectation sociale sur le long terme après une rénovation de qualité qui bénéficiera à tout le quartier !
- Parce que le logement social est une solution durable et efficace qui remet en question la marchandisation du logement, la hausse des prix et tout ce qui s’ensuit !
- Ne laissons pas les autorités communales détruire le peu de logements sociaux qu’il nous reste.
- Imposons-leur de rénover les 64 logements sociaux à Amercoeur !
Pour être tenu.e au courant des prochaines actions : dylan@rwdh.be
[1]. La gentrification n'est pas un processus naturel, mais le résultat de choix politiques et économiques qui favorisent systématiquement les plus aisé·es au détriment des classes populaires. On parle d'ailleurs plutôt de processus de gentrification comme toutes formes de réaménagement d’espaces populaires à l’avantage de classes dominantes (en termes économiques ou culturels).
[2] https://www.iweps.be/communique-portrait-robot-du-proprietaire-de-logement-en-wallonie/
[3] Calcul loyers : En wallonie, il y a 1 625 484 ménages (2,2 personnes par ménages). 24,6 % de ces ménages (soit 399 869) louent à des bailleurs privé au prix du marché. Le prix moyen des loyers en Wallonie est de 793 euros par mois (cf baromètre federia 2023). Le transfert d’argent entre les locataires et les bailleurs privés par an est de : 3 805 153 404 euros (soit 399 869 x 793 x 12).
