D’une expulsion à une collaboration : retour sur le squat de Floreffe

Fin juin 2024, le Collectif de l'Entonnoir composé d’une douzaine de personnes, s’installe dans une dans une ferme inoccupée à Floreffe (province de Namur). Ce corps de ferme appartient au séminaire épiscopal de Namur. Baptiste, 22 ans, Sky, 30 ans, et leurs amis ont pris leurs quartiers dans les lieux avant tout parce qu'ils recherchent un toit. Et puisqu'il n'y avait aucun signe de vie, Baptiste raconte : "Nous vivons dans la rue ou dans nos véhicules aménagés. Nous sommes des débrouillards dans l'âme. C'est un mode de vie alternatif qui nous convient, nous anime chaque jour pour tenter de nous en sortir. Ce choix nous réunit aujourd'hui."

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Dans leur communiqué de presse, ils et elles écrivent : « Nous avons transformé cet espace en un lieu de vie, de solidarité et de créativité. Nous avons créé divers ateliers – impression textile, arts plastiques, potager collectif, ferronnerie, studio de photographie, et initiation à l'informatique – qui bénéficient à notre communauté et au-delà. »

Juste après son installation, le collectif de l’Entonnoir prend contact avec le propriétaire – le séminaire épiscopal de Namur - pour tenter de trouver un accord qui permettrait de pérenniser leur projet. La réponse des représentants du séminaire est sans équivoque, celui-ci souhaite vendre les lieux et aller vers une procédure en justice de paix afin de demander l’expulsion des occupant·es. Le collectif sollicite alors l'appui du Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat  afin de trouver une solution qui puisse convenir aux deux parties et éviter une expulsion qui serait, au-delà du caractère violent, une très mauvaise issue, dommageable pour tout le monde. Sans succès.  

Fin août 2024, l’audience s’est tenue en justice de paix. Le jour de l’audience l’avocat des squatteurs ne s’est malheureusement pas présenté à l’audience en prétextant un conflit d’agenda. Résultat, le juge de paix refuse le report demandé et les autres membres du collectif présents n’ont pas le droit à la parole. La juge rend son jugement et ordonne l'expulsion dans les 30 jours… Triste issue pour l'Église qui défend des valeurs de solidarité, d’entraide et de fraternité. 

Rappelons au passage qu'en préparation du Jubilé de 2025, le pape François avait exhorté les diocèses, paroisses et communautés religieuses de Rome à ouvrir leurs biens immobiliers vacants aux personnes sans-abri ou en situation de précarité. Il a appelé à des «signes tangibles d’attention aux questions de logement » pour susciter l'espérance chez ceux qui vivent dans des conditions difficiles. Dans ce contexte, il nous semble que l'Eglise a un rôle majeur à jouer pour mettre fin au sans-abrisme en permettant l'occupation, voire le rachat de ses bâtiments pour en faire du logement à caractère social.

Suite à cela, le RWDH a sollicité une réunion avec des représentants de l'Eglise pour anticiper ce type de situations et voir comment l'Eglise peut collaborer plutôt qu'expulser. Avec succès, cette fois, grâce à Action et Vivre Ensemble qui collabore depuis de nombreuses années avec notre association.

Les fabriques d'Eglise

Le saviez-vous ? Une partie du patrimoine de l’Église est géré par les fabriques d’Eglise qui sont des entités juridique indépendante composé de bénévoles et de représentants de la commune. Il y a autant de fabriques que de communes2. Cela représente plus de 256 entités immobilières ! On y retrouve tant des maisons, des églises, des chapelles, ou encore des locaux utilisés pour des activités sociales (scout, écoles, chartité...). Un patrimoine vieillissant alors que les moyens manquent souvent pour rénover et entretenir correctement les bâtiments. Certaines fabriques vendent leur patrimoine au privé, tandis que d'autres réfléchissent à voir comment celui-ci pourraient contribuer à augmenter le parc de logement abordable, en maintenant un caractère social.

De nouvelles perspectives pour créer du logement abordable

En janvier 2025, Action Vivre Ensemble a donc convié le RWDH et des associations membres (APL, AIS...) à une rencontre avec le service juridique des fabriques d'Eglise afin de voir comment le secteur associatif pourraient collaborer avec les fabriques pour mettre en place de nouveaux projets de logements. Une occasion de présenter les nombreuses aides et subventions disponibles pour rénover des logements vides, via notamment le Fonds du Logement Wallon. 

La suite?

Le service juridique et Actions et Vivre Ensemble ont marqué leur intérêt à continuer les échanges et sensibiliser les fabriques à l'importance de maintenir le patrimoine dans une approche sociale. Et, on l'espère, déboucher sur la création de nouveaux logements abordables !